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La Guerre d'Algérie

7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 07:27

 

  
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Exclusif. Le général Grégoire de Saint-Quentin, chef de la force Serval, livre sa première analyse publique de la situation. Pour lui, seule la coopération avec les forces malienne et africaine permettra de remplir la mission.
Formé au moule des forces spéciales, Grégoire de Saint-Quentin, 51 ans, a commandé le 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) de Bayonne, vitrine exemplaire de ces unités spécialisées dans le renseignement et l’action commando qui sont le fer de lance de l’opération de reconquête au Mali. Ce saint-cyrien de la brillante promotion “Grande Armée” a servi au 1er RPIMa une bonne partie de sa carrière. Présent au Rwanda (1994) sous les ordres d’un chef charismatique, Jacques Rosier, il a été profondément marqué par cette tragédie, comme tous les soldats de sa génération.
Officier énergique et calme, d’une belle prestance, réputé pour des écrits prémonitoires lors de son passage à l’École de guerre, Saint-Quentin assure le commandement des éléments français basés au Sénégal et l’ensemble des opérations sur le théâtre malien. La première phase avait été conçue et pilotée par le général Didier Castres, sous-chef d’état-major à Paris. À Bamako, Saint-Quentin est secondé, pour les forces terrestres, par le général Bernard Barrera et par le général Jean-Jacques Borel, pour la composante aérienne.
Le général de Saint-Quentin vient d’être frappé par la mort à In Amenas (Algérie) d’un de ses anciens sous-officiers de Bayonne, Yann Desjeux, tué par les terroristes d’Aqmi en essayant de porter secours à ses collègues du site gazier : « Un garçon discret mais extrêmement profond et enthousiaste. » Pour préparer sa mission en terre malienne, le général s’est plongé dans la lecture de l’Islam noir, de l’africaniste Vincent Monteil. Ce manuel lui sera utile pour aborder la phase délicate qui commence, comme il l’explique dans cet entretien.
L’opération Serval est-elle dès maintenant une “victoire” ?
L’opération Serval n’est pas achevée. On peut cependant parler de succès pour toutes les phases d’opération réalisées (terrestres, aériennes, logistiques…) : les frappes sur des objectifs adverses identifiés et une série de manoeuvres audacieuses, fondées sur la rapidité et la surprise, ont permis de repousser les groupes terroristes au nord de la ligne Gao-Tombouctou et de pouvoir désormais les menacer dans leur sanctuaire du Nord-Mali. L’entrée en premier d’une force est toujours un moment délicat. Il faut saluer le professionnalisme de nos armées qui, en un laps de temps si court, ont su réagir en se coordonnant de surcroît avec les forces armées maliennes. De ce point de vue, notre dispositif de forces prépositionnées a joué un rôle fondamental, que va confirmer le soutien qu’elles vont apporter à la montée en puissance de la force africaine, la Misma.
Faut-il reprendre le contrôle de la totalité de la zone nord, jusqu’à la frontière algérienne, pour remplir la mission ?
L’objectif, partagé par l’ensemble des acteurs de cette crise, est bien de permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale. Après le coup d’arrêt donné aux groupes terroristes dans le sud du pays, nous abordons la phase suivante en coordination avec l’armée malienne, mais aussi avec le renfort des contingents africains de la Misma, soit 5 700 hommes. C’est bien la coopération de ces trois forces qui permettra de remplir la mission.
Êtes-vous inquiets devant l’immensité de cette zone ?
Les zones désertiques du Nord-Mali font une fois et demie la superficie de la France. Il est illusoire d’imaginer pouvoir les contrôler en permanence.
Cela rappelle-t-il l’Afghanistan ?
C’est très différent des espaces resserrés comme l’Afghanistan et il faut adapter nos modes d’action à cet environnement particulier. Les déserts sont des océans, incontrôlables par nature, mais où on ne peut vivre et se déplacer indéfiniment sans passer par un détroit ou toucher un port pour recompléter ses ressources. Ce sont ces points de passage et ces zones refuges qu’il faut parvenir à identifier pour empêcher l’adversaire d’en disposer librement.
D’où l’importance du renseignement…
Oui, il joue un rôle primordial pour pouvoir réagir sans délai par une manoeuvre combinant des moyens terrestres et aériens et dont la réussite est conditionnée par une forte mobilité.
Dans quel délai raisonnable la Misma sera-t-elle réellement opérationnelle ?
La Misma est d’ores et déjà en action sur le terrain et poursuit activement sa montée en puissance. Ses quatre bataillons de manoeuvre ont commencé leur déploiement et sa logistique se met en place progressivement.
Et l’armée malienne ?
Elle est présente avec nous sur le terrain, mais nécessite une remise à niveau de ses standards opérationnels et, pour une partie, une formation depuis la base. Ce sera le rôle de la mission européenne EUTM, qui commencera à se déployer dans le courant du mois de février.
Quelle est la principale menace pour notre force ?
L’immensité du théâtre, les élongations logistiques, la mobilité de l’adversaire font partie des invariants de la guerre dans le désert. À nous de continuer à nous organiser pour les prendre en compte, comme nous l’avons fait jusqu’à présent.
Redoutez-vous les exactions, toujours possibles, en présence de la force ?
Ces risques d’exactions sont une menace intolérable pour tous ceux qui sont venus aider le Mali à protéger sa population. Ceux qui s’en rendraient coupables doivent savoir qu’il ne peut y avoir d’impunité sur cette question. Nous l’avons dit aux autorités militaires maliennes, qui ont donné des ordres stricts dans ce sens. Par ailleurs, tout soldat français témoin de tels actes a le devoir de les faire cesser et de rendre compte immédiatement. C’est un élément qui figure dans le code du soldat.
Propos recueillis par Frédéric Pons
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