HOMMAGE DU CHEF DE L’ETAT AUX « FRANÇAIS MUSULMANS »
VICTIMES DE LA REPRESSION GAULLISTE DU 17 OCTOBRE 1961
17 octobre 2012 – 23 h
Par un communiqué de quatre lignes non signé, la Présidence de la République a fait savoir que le Chef de l’Etat « rend hommage » à la mémoire des « Algériens » victimes de la « sanglante répression » de la manifestation organisée par le FLN à Paris le 17 octobre 1961. A cette date, la citoyenneté algérienne n’existait pas. Elle a été créée pour la première fois par la reconnaissance, par le général De Gaulle, le 3 juillet 1962, de l’indépendance de nos départements algériens. Jusqu’à cette date, tous les habitants d’Algérie étaient Français comme le démontre leur participation massive au vote de la Constitution de la Ve République en septembre 1958 et aux élections législatives de novembre 1958 qui firent élire à l’Assemblée nationale française 46 députés Français musulmans élus sur les listes « Algérie française », dont le plus célèbre fut le Bachaga Saïd Boualam, vice-président de 1958 à 1962 de l’Assemblée nationale.
Selon la loi du 18 octobre 1999, la France était encore en guerre le 17 octobre 1961 contre le FLN, organisation terroriste qui avait déjà assassiné en France à cette date plus de 4000 Français musulmans et plus de 200 Français de souche européenne. En Algérie ses victimes se comptaient déjà par plusieurs dizaines de milliers Français de toutes origines. Cette organisation a voulu s’imposer par la terreur auprès de la population algérienne qui, rejetant massivement ses actes « barbares », s’engagea auprès des forces françaises. Des actes criminels dénoncés par le Président Jacques Chirac, ancien combattant d’Algérie, dans son allocution du 25 septembre 2001 lors de la première cérémonie en « Hommage aux Harkis ». Des Harkis qui furent 5 à 6 fois plus nombreux que les combattants du FLN, ce qui conduisit volontairement le général De Gaulle à leur désarmement le 19 mars 1962 qui, après leur avoir retiré leur nationalité française en violation de l’article 15 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, livrait « ce magma qui n’a servi à rien » (sauf à lui permettre de revenir au pouvoir) à un massacre prémédité.
Il est dommage que l’agenda de M. François Hollande, comme celui de son prédécesseur jusqu’en 2011, ne lui ait pas permis d’assister depuis 2001 à une cérémonie officielle en souvenir des 100.000 Harkis assassinés par le FLN en Algérie après le 19 mars 1962. Il aurait pu y rencontrer quelques-uns des survivants. Un agenda qui ne lui a pas permis non plus de s’associer depuis 2003 à l’une des cérémonies officielles du 5 décembre en mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie. Il aurait pu y rencontrer les familles des victimes du 26 mars 1962, des milliers de disparus ou du massacre d’Oran du 5 juillet 1962.
Selon les médias, le 5décembre 2012, le Chef de l’Etat sera en Algérie, comme Nicolas Sarkozy le 5 décembre 2007. Comme son prédécesseur il ne pourra pas présider la cérémonie officielle du 5 décembre 2012 au Mémorial National de la guerre d’Algérie, Quai Branly. Envisage-t-il de recevoir les représentants des Associations de Français rapatriés et d’Anciens combattants lors de son retour à l’Elysée comme le fit Nicolas Sarkozy? Dénoncera-t-il alors la FranAlgérie, comme il vient de le faire en Afrique noire, en proclamant : « Le temps de la FrancAlgérie est révolu. Il y a la France. Il y a l’Algérie. Il y a le partenariat entre la France et l’Algérie, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité». 50 ans après, les Français et les Anciens combattants d’Algérie souhaitent naturellement des relations normalisées entre la France et l’Algérie. Ces relations équilibrées de réciprocité, les Français d’Algérie comme une grande partie du peuple Algérien, les attendent dans la libre circulation des Harkis, le respect des cimetières et celui de notre Histoire faite joies, de larmes et de grands sacrifices communs pour leur « mère patrie » la France, notamment en 1870, en 1914-18, 1939-40, en Indochine et en Algérie.
Une Histoire commune, qui malgré la cassure de 1962, lie le peuple algérien d’aujourd’hui par d’étroites relations affectives avec le million de Français exilés de force sous la menace d’un choix réduit à « la valise ou au cercueil ». Des Français d’Algérie qui n’ont pu revenir avec tous leurs monuments aux morts. L’année 2013 sera celle du 70eanniversaire du retour en guerre de la France contre le nazisme par l’engagement de l’Armée d’Afrique en Tunisie, en Corse puis en Italie. Une armée composée de 175.000 pieds-noirs et 230.000 Français musulmans. Alger devient en 1943 la capitale de la France combattante. Le rapatriement du Monument aux Morts d’Alger, 70 ans après, ne serait-il pas le plus beau geste d’une relation franco-algérienne nouvelle basée sur le respect, la clarté et la solidarité ?
L’Histoire des guerres civiles d’Algérie de 1954 à 1962 est avant tout le problème de l’Etat français qui a exercé sa souveraineté sur nos départements algériens jusqu’au 2 juillet 1962. La France ne peut sortir de 50 ans d’un « mensonge français », selon l’expression réaliste de Georges-Marc Benamou, que par la reconnaissance de « l’abandon volontaire », selon l’expression même de François Hollande dans sa lettre du 24 janvier 2012, des Français d’Algérie par les gouvernements français depuis 1962. C’est ce qu’avait promis son prédécesseur en 2007, c’est ce à quoi M.François Hollande s’est engagé aussi depuis 2007.
C’est ce changement basé sur la « Vérité » et la « Justice », valeurs qui guident l’action du Chef de l’Etat, que les Français attendent et non l’officialisation le 25 octobre, en catimini, par quelques Sénateurs en retard de dix années, de la date du 19 mars 1962 pour honorer la mémoire des « victimes civiles et militaires (françaises ?) de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie ». Les Associations hostiles à cette officialisation ont demandé être reçues en urgence par le Président de la République, président de tous les Français, afin de lui présenter les raisons historiques qui font que cette date ne peut être retenue comme celle du retour de la « paix » en Algérie. Elle est en réalité, celle d’un « crime d’Etat » qui fut suivi d’un « crime contre l’Humanité » faisant plus de 100.000 victimes françaises innocentes comme le dénoncent aujourd’hui, après un silence de 50 ans, la Ligue des Droits de l’Homme et la LICRA, deux associations humanitaires historiquement favorable à l’indépendance de l’Algérie.
La « paix » des mémoires ne peut se réaliser qu’après la reconnaissance de cette incontestable et incontestée Vérité historique.
Bernard COLL
Secrétaire général de JPN
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