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La Guerre d'Algérie

15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 13:25

 

Discours du général d'Armée Bruno DARY, prononcé le 16 juillet 2012 lors de ses adieux aux armes.

 

 

DARY

 

Le mot de la fin….

Bien chers amis,

Voici 5 ans, lorsque je pénétrai pour la 1ere fois dans ces lieux magiques et symboliques, je disais à mes enfants, ce que m’avait appris la carrière militaire : « Attention, mes chéris, que ces lieux ne nous tournent pas la tête, car lorsqu’à minuit, le 12° coup sonnera, le carrosse en citrouille se transformera ! » et je rajoutais « Et en plus, ce n’est pas un conte de fée ! ».

Aujourd’hui, le 12° coup vient de sonner et c’est bien ainsi ! Mais je ne souhaite pas épiloguer sur ces 5 années passées, car seul ce qui résistera au temps aura de la valeur. Je ne souhaite pas non plus épiloguer trop longtemps sur ma carrière : l’ordre du jour a été prononcé règlementaire tout à l’heure ; et comme le dit sobrement un chant de Légion, pour dire adieu à celui qui a aimé son métier « Il a servi honnête et fidèle ! » Tout simplement et c’est bien ainsi ! Et je ne veux pas, non plus, tomber dans le poncif des campagnes d’anciens combattants, qui commencent toutes par « T’en souviens-tu, Lulu? » et se terminent immanquablement par la même rengaine : « C’était le bon temps ! », comme si l’époque était plus difficile aujourd’hui qu’hier, ou comme si nous étions incapables d’apprécier l’instant présent à sa juste valeur !

Je tiens simplement à rendre hommage à une personne, qui le mérite bien ; cet hommage, je veux l’adresser au soldat et plus particulièrement au « soldat français » !

Il y a 48h00, en effet, le Chef d’état-major des Armées et moi-même, accueillions le Président de la République sur la place de l’Etoile, pour les cérémonies du 14 juillet. A ce moment-là, je lui ai dit très simplement : « Monsieur le Président, les quelque 5 000 soldats de tout grade et de toute armée, que vous allez passer en revue et voir défiler, sont fiers d’être ici aujourd’hui, mais sachez, que tous sans exception, sont prêts à risquer leur vie, sur l’ordre du Chef des armées que vous êtes ! ».

En effet, le soldat est d’abord un homme d’action, car, dès lors que les autres moyens n’ont pu aboutir, il lui appartient alors de concrétiser une décision politique ; s’il n’a pas le monopole de l’action, en revanche, il lui revient d’agir sous le spectre de la mort, en étant conscient que le sang pourra couler, que ce soit le sien, celui de ses soldats ou de l’adversaire ! C’est bien là sa spécificité et la seule qui vaille. Mais aussi respectable soit-elle, cette spécificité unique de donne pas au soldat tous les droits, y compris sur un théâtre d’opération : bien au contraire, il agit toujours dans un cadre contraint fixé par des règles, et selon des principes éthiques qui doivent le guider dans ses réflexions, ses décisions et la conduite des opérations. Son action demeure ainsi en permanence partagée, voire écartelée entre des principes, simples, clairs, nets, purs, et presque faciles et une réalité complexe, évolutive, paradoxale, multiforme, lieu de tous les antagonismes. Si les concepts sont faciles à manier, la réalité l’est beaucoup moins ! On comprend pourquoi le Commandant de Saint-Marc, lui qui, à plusieurs reprises dans son existence eut à faire des choix existentiels entre ses convictions profondes et une situation paradoxale et ambiguë, pourquoi il a intitulé ses mémoires « Les champs de braises ». L’honneur d’un homme, en effet, et plus particulièrement celui du soldat, appelé à agir et à s’engager dans des situations extrêmes où la mort rode, consiste bien, comme on l’apprend à Saint-Cyr à discerner dans la complexité, à décider dans l’incertitude et à agir dans l’adversité ; c’est ce que Clausewitz appelait déjà en son temps le brouillard de la guerre !

Et la langue française, avec sa richesse, son histoire et sa subtilité ne s’y est pas trompée, car dans un certain nombre de termes qui touchent justement à notre éthique - nous dirions aujourd’hui nos fondamentaux - on retrouve ce paradoxe, où un principe énoncé au singulier a une signification flatteuse, alors que le même terme, employé au pluriel pour traduire son application concrète, prend une connotation péjorative, comme si ces principes purs et immatériels se couvraient de boue au contact de la réalité ! Et je voudrais rendre hommage au soldat de France, en évoquant devant vous quelques uns de ces mots, dont l’ambiguïté singulier/pluriel caractérise bien la vie du soldat et révèle en même temps son écartèlement permanent entre le respect des concepts et la conduite de l’action.

Sans doute, est-ce le mystère de la condition humaine du soldat……

Le premier mot est celui de service : d’un côté, le service et, de l’autre, les services ou les servitudes ;

Servir, disait Barrès, est le plus beau mot de la langue française ; qui d’entre nous n’est pas persuadé qu’il s’est engagé pour servir son pays, et de la façon la plus désintéressée qu’il soit, le service des armes ? Et qui n’inscrit pas sur un livre d’or, le jour de son départ d’une formation, ces simples mots « j’ai servi » ?

Et pourtant, la vie quotidienne du soldat est remplie de services, voire de servitudes c’est même le quotidien du soldat ; hier, Vigny décrivait les « servitudes militaires » ; aujourd’hui, il en est toujours de même : une affectation que l’on n’avait pas souhaitée, une mission rébarbative, une alerte qui remet en cause des projets familiaux, un tableau d’avancement qui se fait attendre, un commandement que l’on souhaitait autre ; et qui d’entre nous n’a pas vécu des moments, où l’obéissance d’amitié, si souvent évoquée, n’allait pas de soi ?

Un deuxième mot répond à ce paradoxe ; c’est la parole et, son pluriel, les paroles.

Dans la bouche d’un soldat, et encore plus chez celui qui est appelé à commander, la parole est sacrée, car elle engage ! Elle engage autant celui qui la prononce que celui qui la reçoit.

En opération, il est parfois difficile de tout écrire, surtout quand les circonstances se précipitent ; alors la parole, claire, courte, concise prend toute son importance, d’autant plus qu’il faut être certain qu’elle soit bien comprise, car toute méprise ou toute erreur peut être dramatique ! Elle revêt donc pour le soldat un caractère presque sacré, puisque l’on va jusqu’à évoquer la parole d’honneur !

Pourtant son pluriel, les paroles, l’est beaucoup moins ; il est même péjoratif ! Il n’est pas flatteur de dire des propos d’autrui que ce ne sont que des paroles… On dit d’ailleurs d’un grand soldat que c’est un homme de parole, et non pas un homme de discours ; je n’ai pas dit que les hommes de discours n’avaient pas de parole ; mais l’expérience nous montre que plus on parle, plus on risque de s’égarer et moins on est sûr de pouvoir tenir sa parole.

Le service, la parole, il en est aussi de la tradition et des traditions : que de confusions entre les deux !

Le soldat est souvent qualifié d’homme de Tradition, car les vertus militaires défient les siècles, s’affranchissent des régimes et transcendent tactique et technologie ; en effet, notre grande tradition, reine des traditions, avec un « T » majuscule, reste encore et pour longtemps notre volonté et notre fierté de servir la France ! Et la tradition dans les grandes choses ne consiste pas à refaire ce que d’autres ont fait avant nous, mais de comprendre l’esprit qui les avait amenés à faire ces grandes choses et qui leur aurait fait faire de bien différentes en d’autres temps.

Toute le reste, ce ne sont que des traditions, où le bon côtoie le moyen, parfois le folklore et même le burlesque : il est d’ailleurs paradoxal de voir que moins on est ancien en service, plus on parle des traditions, les champions dans ce domaine étant incontestablement nos jeunes camarades des lycées militaires qui rêvent, sans doute trop, sur leurs noirs bouquins ! Et inversement, plus on vieillit sous le harnais, plus on retrouve que nos traditions d’armes, si variées soient-elles, se rejoignent vers notre unique et grande tradition. Ainsi, chasseurs et légionnaires peuvent défiler selon leur propre cadence sur les Champs-Elysées, chacun selon ses traditions, mais la grande Tradition du 14 juillet reste bien que chaque formation se présente de façon rigoureuse devant le chef des armées.

Après la tradition, c’est le mot « Honneur » qui me vient à l’esprit : l’Honneur et les honneurs :

L’honneur est bien ce que l’on inculque à nos jeunes officiers, cette manière d’être, de réfléchir, de croire et d’agir, qui, au-delà des contingences et des vicissitudes, doit les guider et déterminer leur choix, surtout quand la situation devient complexe et délicate. Ma génération d’officiers n’a jamais eu à faire, heureusement sans doute, de choix dramatique entre l’honneur et la discipline, comme la génération précédente, qui fut confrontée à de véritables drames de conscience, que ce soit au cours de la 2° Guerre mondiale, ou pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie.

Quant aux honneurs, si vous voulez bien, n’en parlons pas trop, car après cinq années de Gouverneur militaire de Paris, je crois avoir tout vu, tout lu, tout reçu, et tout entendu….J’ai simplement essayé de ne pas me faire hypnotiser par les paillettes, les apparences et, ce que l’on appelle la comédie humaine, où le paraître et les honneurs l’emportaient sur tout autre considération ! La carrière militaire est d’ailleurs bien faite, et alterne, avec harmonie et psychologie, les périodes de commandement et celles de rédacteurs !

Il est encore un mot, qui nous grandit lorsque nous l’utilisons au singulier, mais qui, au pluriel, nous rappelle notre condition humaine et surtout notre condition de soldat, c’est la mort !

En effet, qui d’entre nous, en Corniche dans l’espoir de Saint-Cyr ou à Saint-Cyr dans l’exaltation d’une vocation naissante, qui d’entre nous n’a pas chanté ces vers de Péguy : « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle…

Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. ».

Mais si Péguy, dans sa fougue épistolaire, a magnifié la mort, sans savoir d’ailleurs qu’elle lui donnerait rendez-vous dans les premiers mois de la Grande Guerre, la vie militaire, avec les premières opérations extérieures, avec les expériences de chef, avec les grandeurs et servitudes du protocole militaire, ici à Paris, nous a confrontés, non plus à la mort, idéalisée par Péguy et dans nos têtes de Saint-cyriens, mais aux morts avec tout ce que cette réalité traîne dans son cortège. Et encore, même là, faut-il faire preuve de discernement ; ici aux Invalides, nous avons rendu les honneurs à de grands hommes, souvent âgés, qui avaient consacré une partie de leur vie à servir la France ; bien sûr, nous étions tristes de les voir partir, de ne plus pouvoir croiser leur regard ou parler avec eux, mais un peu comme une chandelle s’éteint à l’aube, après avoir éclairé son entourage toute une nuit, nous savions que c’était l’ordre normal des choses ! Je pense à quelques uns d’entre eux : aux généraux Bizard, Saint-Hillier, Bigeard, au père Casta, à nos amis les compagnons de la Libération, Pierre Mesmer, Robert Gallet, et le dernier à être parti, Théodore, à Lazare Ponticelli, aux pensionnaires des Invalides, Jean Lartéguy, Eugène Battestini, le colonel de Mollens, et tant d’autres !

Et puis il y a ceux qui nous ont quittés dans la force de l’âge, avec qui nous aurions bien aimé faire et refaire le monde ; je pense à Jean Coulloume-Labarthe, Antoine Lecerf, Ben Simon. Je pense aussi à mon adjoint, mort pour la France à Kolwezi en 1978, le sergent-chef Norbert Daniel.

Et puis, il y a la mort au combat qui touche notre jeunesse ; sèche, brutale, violente, révoltante, elle fauche sans prévenir, frappe sans égard, meurtrit à tout jamais, mais elle reste intrinsèquement liée au métier de soldat. Ces jardins, où nous vivons aujourd’hui un moment que j’ai souhaité agréable, ont accueilli depuis 5 ans, près d’une centaine de fois, les familles de soldats tombés en Afghanistan, au Liban et en Guyane. Dans le cortège qui accompagnent à chaque fois ces morts, sont regroupés les frères d’armes, qui, bien qu’aguerris, ne peuvent contenir leurs larmes, les pères qui essaient, tant bien que mal, de garder leur dignité par égard pour leur fils, les mères effondrées, qui seraient prêtes à se sacrifier si elles pouvaient simplement redonner vie à celui qu’elles ont vu naître, les grands-parents, qui se demandent ce qu’ils font encore sur terre, alors que leur petit-fils est parti en pleine jeunesse, les enfants esseulés, qui nous surprennent toujours par leur regard sur la vie et la mort, et puis les épouses, au bord du gouffre, du néant ou de l’absurde !

Mais ces lieux nous rappellent aussi les heures heureuses de la vie et c’est pour cette raison que le dernier mot, cher au soldat, qui répond à cette ambiguïté singulier/pluriel et qui touche l’âme du soldat dans son intimité, est celui de l’amour !

En effet, dès que l’on parle d’amours au pluriel, on y ajoute presque systématiquement des adjectifs comme folles, coupables, cachées, tumultueuses, sulfureuses, … vous aurez noté cependant que ce terme se féminise aussi au pluriel, ce qui en adoucit heureusement la teneur !

Mais je préfère évoquer l’amour, au singulier, qui reste la force qui nous anime le plus !

Oui, j’ai aimé le métier des armes ; ce métier aux deux visages, si différent en temps de paix et en temps d’opérations : le temps de paix où notre richesse première est la qualité, la force et l’intensité des relations humaines et le temps des opérations où la force de caractère prend le pas sur toute autre considération, où l’on se demande inlassablement « Et si ? Et si ? » pour n’exclure aucune hypothèse et éviter d’être surpris ! J’ai aimé ce métier au-delà des contingences politiques qui l’ont fait évoluer de façon incroyable depuis mon entrée à Saint-Cyr : d’une armée de conscription de presque 400 000 hommes, montant la garde aux frontières de l’Est, face au pacte de Varsovie, notre armée de Terre, à l’instar des autres, s’est professionnalisée, a intégré la disparition de menace à nos frontières, mais a vu ses effectifs divisés par 3 !

Oui j’ai aimé nos soldats, les soldats français ; sains de corps et d’esprit, toujours volontaires, disciplinés, parfois gouailleurs ; comme le disait l’Empereur en parlant de sa Garde : « ils grognent encore, mais ils marchent toujours ! » ! J’ai connu des êtres directs, spontanés, en un mot, des gens simples, directs et gais. Avec un tant soit peu de considération et de justice, on peut alors les emmener au bout du monde.

J’ai aimé aussi la Légion étrangère et ses hommes, parce que j’ai trouvé parmi eux les mêmes vertus militaires que partout ailleurs, mais sans doute poussés à leur plus haut niveau, parfois même de façon excessive : la générosité, l’ardeur, le goût de l’aventure, la confiance, la fidélité au chef, la pudeur et le mystère aussi, l’attachement à la France, leur pays d’accueil. Lorsque l’on a l’honneur de commander des soldats de cette trempe, on a alors un impérieux devoir d’excellence et d’exigence personnelle, car ce n’est pas la qualité du soldat, fût-il légionnaire, qui fait forcément la qualité du chef ! Et chaque cadre doit continuellement se demander s’il sert la Légion ou s’il n’est pas en train de s’en servir…

Et puis j’ai aimé ma famille, mon épouse et mes enfants. Quand je suis arrivé dans l’armée française, oserais-je dire dans ma 1° affectation, il était habituel de dire qu’un officier perdait 90 % de sa valeur dès lors qu’il était marié. La vie conjugale puis familiale m’a montré exactement le contraire, qu’une épouse vous apprend ce que le métier des armes ne vous apprend pas toujours ou alors qu’à moitié : la patience dans les épreuves, la finesse du jugement, le discernement des choses de la vie, le partage de l’autorité et aussi, que la force, pour autant qu’elle reste une vertu, n’est pas la seule qui compte !

Quant aux enfants, ils nous apprennent, dès leur plus jeune âge, la confiance, l’innocence et l’importance du père, puis avec l’adolescence, ils vous font comprendre que le chef de famille doit être d’abord celui qui aime, explique, convainc et montre l’exemple en silence, c’est-à dire les vertus essentielles d’un chef militaire ou de tout chef.

J’ai aussi entendu des officiers, au soir de leur carrière s’adresser à leur épouse, en leur disant c’était en anglais dans le discours : « Chérie, allume le feu, je reviens vivre à la maison ! » ; au-delà de la plaisanterie, quel dommage pour la famille et tout simplement pour la vie ! Si l’on pouvait réécrire l’Ecclésiaste ou du moins la paraphraser, car il ne faut pas changer un iota au Livre vrai, il faudrait dire à nos officiers :

Il y a un temps pour tout sous le ciel :

Un temps pour les opérations et un temps pour l’entraînement ;

Un temps pour le service et un temps pour la famille ;

Un temps pour le travail et un temps pour le repos ;

Un temps pour la crise et un temps pour le calme ;

Un temps pour le rire, un temps pour la peine !

Pour conclure, vous me permettrez de laisser le mot de la fin à un soldat, qui appartient lui aussi à la confrérie des guerriers et qui, peut-être plus que tout autre connut et vécut les vicissitudes du soldat durant 4 ans dans la boue et la puanteur des tranchées ; c’est Rolland Dorgelès, qui termine son célèbre livre Les croix de bois par les mots suivants :

« Vous étiez si jeunes, si confiants, si forts, mes camarades : une telle joie était en vous qu’elle dominait les pires épreuves. Dans la boue des relèves, sous l’écrasant labeur des corvées, devant la mort même, je vous ai entendu rire, jamais pleurer. Pour raconter votre longue misère, j’ai voulu rire aussi, rire de votre rire. C’était le bon temps… Oui, malgré tout, c’était le bon temps, puisqu’il vous voyait vivants… On a bien ri, au repos, entre deux marches accablantes, on a bien ri pour un peu de paille trouvée, une soupe chaude, on a bien ri pour un gourbi solide, on a bien ri pour une nuit de répit, une blague lancée, un brin de chanson…

Un copain de moins, c’était vite oublié, et l’on riait quand même ; mais leur souvenir, avec le temps, s’est creusé plus profond, comme un acide qui mord… Et maintenant, arrivé à la dernière étape, il me vient un remord d’avoir osé rire de vos peines, comme si j’avais taillé un pipeau dans le bois de vos croix. ».

Général d’armée Bruno DARY.

Gouverneur militaire de Paris. 

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 19:20
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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 08:40
Bel exemple d'élévation éthique et morale.
   
En France, le 26 juillet 2012,

A Coëtquidan le matin du Triomphe de la dernière promotion de l’ESM de Saint-Cyr, le 20 juillet dernier,  j’ai pu lire une lettre adressée  au Président de la Saint-Cyrienne  quelques jours plus tôt par les grands parents du Capitaine ThomasGauvin, Monsieur et Madame Georges Decaen. Thomas Gauvin a été tué avec plusieurs de ses hommes le 13 juillet 2011 enAfghanistan, c’est donc presque un an jour pour jour après sa mort, que ceux qui l’ont élevé, se sont exprimés et m’ont d’emblée autorisé à diffuser ce texte. Frappé par la qualité et la profondeur de chacune de ses phrases je souhaite vous les faire connaître.
A une époque où l’ignominie, au pire, la médiocrité, au minimum, a trop souvent l’attention des médias cette lettre est un puissant témoignage sur un officier de très grande qualité. Toute sa famille ne peut qu’en être honorée. Ses camarades de promotion, la « Capitaine Beaumont », aussi.
En ce qui concerne tous les autres lecteurs elle sera un réconfort pour les plus anciens et une source de réflexions pour les autres.
Je remercie Monsieur et Madame Decaen en leur nom.
 
Général de corps d'armée (2S) Dominique DELORT
 
  
 
 
   
    "...Alors que nous nous préparons à commémorer le 1eranniversaire de la mort de notre cher Thomas, et à la lecture du dernier CASOAR, nous avons étéinterpelés par le problème que crée la judiciarisation de la mort des soldats en Afghanistan.


Nous tenons à vous faire connaître notre position :
 
Le deuil que nous subissons est sans fin - Devenu HEROS, parce que mort pour la France. Thomas était notre héros de son vivant - Et même si nous ressentons une juste fierté pour la mémoire qu'il laisse, nous avons du mal à y trouver une consolation. 
 
Nous imaginons la position qui aurait été celle de Thomas.
 
Il avait choisi avec obstination cette voie si difficile, malgré nos tentatives pour l'en dissuader. Il a voulu être ce Soldat français qui apporte son aide et son savoir aux populations qui demandent le secours des Français.
 
Il a choisi ce "métier" comme d'autres choisissent le Sacerdoce, avec tout son courage et sa modestie.
 
Il savait que ce n'était pas un métier comme les autres.
Il savait, dans son esprit, qu'il avait fait don de sa vie.
Il est tombé au combat, quelle qu'en ait été la forme.
Il est mort pour la France. C'est le destin de certains Soldats. C'est leur gloire, même s'ils ne la cherchent jamais.
 
Il ne saurait être question pour nous d'en demander réparation à qui que ce soit. Et dans quel but ? Quel procès, quelle condamnation nous consolerait de cette perte inestimable.
Qui est responsable ? Le Kamikaze, une victime lui d'un endoctrinement criminel, est mort.

 
Alors qui ? Sûrement pas les Militaires qui l'accompagnaient et qui sont devenus nos amis en partageant notre chagrin.

 
Thomas n'est pas allé au bal et n'est pas mort sur la route au petit matin. Il n'est pas une victime, dont la famille veut obtenir réparation morale et financière. L'Etat pourvoit à cette réparation pour les proches.
 
Il était Soldat.

 
Laissons à sa mort son exceptionnelle singularité, sa grandeur.
 
Regrettons que les Français ne se sentent pas assez solidaires de leur Armée, ni compatissants et admiratifs envers tous ces soldats.
Ceux qui sont morts,
Ceux qui les ont vu tomber et ne pourrons les oublier,
Ceux qui sont blessés à jamais dans leurs corps et dans leurs têtes.
 
Gardons notre dignité dans notre deuil.
Faisons tout pour que le nom de Thomas ne soit pas oublié.
 
En ce qui nous concerne :

 
Nous tournons nos pensées avec compassion et anxiété vers ceux qui, restés en Afghanistan, vont assurer l'évacuation. Car cette "bonne" nouvelle nous semble être génératrice pour eux de grands dangers, qu'ils assument certes, c'est la mission qui leur est confiée.
Mais qui peut être source de douleurs infinies pour ceux qui les aiment..."
 
 
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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 20:20

 
Fin 2011, un auteur du Nord Isère, Kamel Mouellef, publie une BD : Turcos, surnom que les Russes donnèrent aux tirailleurs algériens dont la tenue orientale leur rappelait celles des turcs.

Cette BD est l'oeuvre d'un Isèrois, Kamel Mouellef, qui en découvrant l'histoire de son arrière grand père, tirailleur algérien mort au front en 1918, a voulu assumer deux passions :
celle de l'histoire de sa famille mais aussi celle de son pays, la France. Kamel Moueleff

Il a consacré des années de recherches, de visites, de travaux sur des documents administratifs pour établir la vérité de faits mais aussi pour réconcilier. 

Réconcilier l'Histoire et la vérité, réconcilier des sensibilités parfois si divisées. 

Son oeuvre n'est ni communautariste ni revancharde. Le temps est souvent un grand justicier. Et Kamel Mouellef a mis du temps pour ancrer des histoires humaines au-delà de seules inscriptions sur des monuments.

Le trajet est parfois très long de l'intelligence au coeur. Kamel Mouellef tente de le raccourcir à partir d'exemples très précis.

C'est une BD d'une extrême qualité qui devrait faire naître des questions de vie, d'appartenance, de racines.
Pourquoi la haine serait-elle toujours plus contagieuse que le respect d'autrui ?
C'est une remarquable démarche qui a rencontré un grand succès. Nous en avons parlé à plusieurs reprises.
Kamel Mouellef reçoit ce jour le trophée de la citoyenneté.
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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 06:54
Sur fond de retrait d'Afghanistan et de réduction d'effectifs de l'armée...
Le général (2S) Delochre interpelle Martine Aubry
Le général (2S) Jean-François Delochre
Président national de l’Épaulette
à
Madame Martine Aubry
Première secrétaire du parti socialiste
Madame la Première secrétaire,
Le 29 mai 2012, sur le plateau de BFM/TV, en réponse à une question de Jean-Jacques Bourdin concernant la compensation des 60 000 postes dont la création dans la fonction publique est envisagée par le Gouvernement, vous vous êtes exprimée en ces termes : « Il y a un accord avec l'armée - nous y avons beaucoup travaillé - pour réduire l'armée. »

Vous comprendrez qu’en tant qu’association d’officiers regroupant plus de 6 000 adhérents dont près de 3 500 sont d’active, ces perspectives puissent nous troubler ; d’autant plus qu’un nombre croissant d’officiers sous contrat font partie de nos membres.
Vos propos nous surprennent à deux titres.
Tout d’abord, ils n’émanent ni du Président de la République, François Hollande, chef des armées, ni du Premier ministre, responsable de la Défense pas plus qu’ils n’ont apparemment la caution du Ministre de la défense. En effet ce dernier, monsieur Le Drian, qui n’était encore que responsable du pôle défense de l’équipe de campagne de monsieur Hollande, nous a reçus le mercredi 2 mai 2012 et nous a confirmé qu’il n’était pas envisagé d’aller au-delà de la déflation programmée dans le cadre de la RGPP (54 000 postes dont 30 000 ont déjà été « rendus »).
Enfin, l’expression « l’armée » dans votre bouche ne correspond pas à un vocabulaire de spécialiste du domaine et sonne faux aux oreilles d’officiers de l’armée de Terre, de la Gendarmerie et des Services communs que nous sommes. Elle nous inquiète d’autant plus qu’elle intervient après ce qui aurait été un long travail sur ce sujet régalien.
Aussi, face à ce qui nous apparaît comme deux fausses notes, nous vous serions obligés si vous pouviez nous éclairer sur ces points :
  • Quelle légitimité faut-il accorder à vos affirmations alors que vous n’êtes pas en responsabilité gouvernementale ?
  • Quels ont été les organismes de « l’armée » avec lesquels vous auriez « beaucoup travaillé » pour mettre en coupe, apparemment réglée, la dite armée ?
  • Y-a-t-il, au-delà de cette affirmation imprécise, des chiffres et des échéances ainsi qu’une approche cohérente de l’organisation et des nouvelles missions qui découleraient de cette réduction ?
La période électorale qui se prolonge jusqu’au 17 juin 2012 nous semble particulièrement propice au recueil d’informations déterminantes dans le choix de nos votes. Aussi nous attendrons avec impatience et intérêt les éléments de compréhension que vous voudriez bien nous faire parvenir et que nous communiquerons à nos adhérents.
Soyez assurée, madame la Première secrétaire, de toute notre considération.
Général Jean-François Delochre
Copies adressées à :
  • Monsieur le Ministre de la Défense - 14, rue Saint-Dominique - 75700 - Paris SP 07
  • Monsieur le Général chef d’état-major de l’armée de Terre - 4, rue Saint-Dominique - 75700 - Paris SP 07
  • Monsieur le Général (2S) Président de la Saint-Cyrienne et du comité d’entente - 6, avenue Sully-Prudhomme
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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 20:13
AIX-LES-BAINS
La mairie va inaugurer un square Marcel Bigeard 

 

L’Union nationale des parachutistes sera présente pour l’inauguration du square Marcel Bigeard . Photo Yves DAL BALLO et Dominique BONVILLAIN

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 20:36
Le général d’armée Bruno DARY, Gouverneur militaire de Paris vous informe des honneurs militaires qui seront rendus mercredi 13 juin 2012 en l’Hôtel national des Invalides.
 
Quatre militaires de l’armée de Terre ont été tués le 9 juin 2012 vers 9h00, alors qu’ils étaient engagés dans une opération de contrôle d’un axe routier en Kapisa, en appui de l’armée nationale afghane.
Ils ont été touchés par une explosion à la suite d’un attentat suicide.
 
Tous ont été tués dans l’accomplissement de leur mission au service de la France.
 
Une cérémonie intime d’honneurs militaires, réservée aux familles et aux compagnons d’armes sera présidée par le général d’armée Bertrand RACT-MADOUX, chef d’état-major de l’armée de Terre, en l’Hôtel national des Invalides à partir de 12h00.
 
Auparavant le cortège funèbre passera sur le pont Alexandre III entre 11h45 et 12h00.
 
En cette circonstance, le général d’armée Bruno DARY Gouverneur militaire de Paris invite le plus grand nombre de citoyens à manifester leur hommage et leur solidarité avec nos héros morts dans l’accomplissement de leur mission au service de la France dans une présence digne, silencieuse et fraternelle sur le Pont Alexandre III, le mercredi 13 juin 2012 à partir de 11h45.
Trois des quatre soldats tués hier en Afghanistan appartenaient au 40e régiment d’artillerie (RA) de Suippes (Marne) et le quatrième au groupement interarmées des  civilo-militaires (GIACM) de  (Rhône).

Le maréchal des logis-chef Stéphane Prudhom (32 ans) s’était engagé en 1999 au 2e régiment de hussards de Sourdun avant de rejoindre le 40eRA de Suippes. 

Il avait à son actif déjà plusieurs « opex », comme le Kosovo, la Côte d’Ivoire, le Tchad et déjà l’Afghanistan pour une première mission en 2006. Pacsé, il était père de deux enfants âgés de 3 ans et 1 an.


Le maréchal des logis Pierre-Olivier Lumineau (26 ans) s’était engagé à Saint-Maixent en 2010. Il rejoint le 40e RA, où il est affecté à la batterie de renseignement du régiment. Célibataire, il effectuait en Afghanistan sa première opération extérieure.


Le brigadier Yoann Marcillan (24 ans) s’engage directement au 40e régiment d’artillerie (RA) de Suippes en 2007.

Célibataire, ce soldat servait pour la première fois en Afghanistan après avoir déjà effectué une mission au Kosovo, il y a trois ans, en 2009.


L’adjudant-chef Thierry Serrat (46 ans) du GIACM en était à son troisième séjour en Afghanistan, où il avait déjà servi en 2008 et 2010.

Il s’était engagé à 18 ans à l’Ecole nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent avant de rejoindre le 35e régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes, puis la direction du personnel militaire de l’armée de terre et enfin le GIACM en août 2008.

Marié, il était père de deux enfants de 20 et 18 ans.

Le Parisien

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 20:40

 

Chers camarades,
Je vous communique avec tristesse l'avis de décès de notre camarade et ami Bernard Duféal
Ancien Combattant AFN, officier Chasseur Alpin, décoré de la Croix de la Valeur Militaire avec citation à l'ordre de la Brigade.
Nous serons présents bien sûr pour lui rendre un dernier hommage

Jacques Bouissou

avis de décé Bernard DUFEAL

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 13:12

 

Un excellent polar , une page d’histoire méconnue.

 

4e de couverture

 

 

 

 

 

AFFICHE SIGNATURE 23 JUIN

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 13:01

 

Armée Le transfert du 7e BCA de Bourg-Saint-Maurice (Savoie) à Varces a commencé ce mardi.

> On le surnomme le « 7 ». C'est désormais à Varces que les 1 200 hommes et femmes du 7e Bataillon de chasseurs alpins seront regroupés, au plus tard mi-août. Ce mardi, en effet, la 4e compagnie du capitaine Loïc Guyader, la première à déménager, a quitté la garnison de Bourg-Saint-Maurice. Cette unité d'élite qu'est le 7e BCA y était installée depuis 1962. Elle rejoint le quartier Reyniès, où se trouvent déjà l'état-major de la 27e brigade d'infanterie de montagne et le 93e RAM, durement touché enAfghanistan. Pour marquer symboliquement l'événement, ses 140 hommes et femmes ont parcouru les 160 km qui séparent Bourg-Saint-Maurice de Varces, en relais « run and bike » (course à pied-vélo). « Ce transfert est prévu depuis 2008 dans le cadre du plan de réorganisation des armées », rappelle le chef de corps, le colonel Alain Didier. Varces est en effet devenue en janvier 2011 une base de défense chargée de soutenir les forces de son environnement géographique. « A Bourg-Saint-Maurice, nous étions éloignés des autres garnisons », poursuit l'officier. Ce rapprochement permet une mutualisation des moyens d'administration générale, donc un « gain de personnels ». L'officier note également « l'attractivité » de l'agglomération grenobloise pour les 230 familles du bataillon.
« Appel d'air » à A Varces, où la plupart d'entre elles seront logées, leur arrivée va d'ailleurs « booster » la commune. « Ce fut l'occasion de construire de nouveaux logements. 144, dont 50 % réservés aux militaires dans l'écoquartier de la Giraudière, et 120, dont 30 pour l'armée, au Petit Rochefort », explique la directrice générale des services Véronique Knopp, qui mise aussi sur « un appel d'air » pour le commerce local. Enfin, deux classes supplémentaires sont prévues à l'école des Poussous. Fabienne Vernet, inspectrice de l'Education nationale qui suit le dossier depuis 3 ans, « surveille quotidiennement les effectifs. On table sur 50 à 60 élèves, mais il y aura des ajustements à la rentrée, puis en 2013 ».
Chantal Féminier
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